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Regards croisés, Femmes Entrepreneures #1 – Géraldine Miquelot

Nouveau type de portrait, inspiré par mon engagement dans le collectif WOW – Médiation culturelle indépendante qui souhaite, entre autre, valoriser l’entreprenariat au féminin. Voici donc une nouvelle série de portraits afin de mettre en lumière des Femmes Entrepreneurs qui ont des profils en lien avec la médiation, une manière de révéler la synergie de nos métiers. Première rencontre avec Géraldine Miquelot.

J’ai justement découvert Géraldine via le collectif WOW. Elle était curieuse de notre initiative… En retour, son profil et son discours m’ont tout de suite interpellé ! J’aime son ton rafraîchissant et sa posture de “mettre les pieds dans le plat” ! Et oui car Géraldine s’amuse à dénoncer les dérives du monde du travail dans le secteur culturel. On y parle de métier passion et d’organisation au travail, d’égo et de burn-out… Sans tabou et sans moralisme, on s’y retrouve, on sourit et on relativise ! Je vous laisse découvrir…

Géraldine Miquelot

Qui es-tu ?

Je suis Géraldine Miquelot, je bosse dans l’art contemporain depuis plus de 15 ans.

Comme beaucoup de consœurs et confrères, je suis un peu multitask : j’ai été médiatrice, chargée de production, responsable de centre d’art, formatrice en médiation, j’ai fait du montage et de la communication aussi.

J’ai été indépendante et salariée, et aussi bénévole et stagiaire bien sûr !

Que fais-tu ?

Aujourd’hui, je conseille et forme des professionnel·les de l’art en organisation : ça peut toucher à des process de collaboration, d’efficacité personnelle, à de l’optimisation d’outil numérique… Tout ce qui peut être fait, à l’échelle individuelle ou dans une équipe, pour simplifier son quotidien en gestion de projet.

Il y a des sujets qui dépassent ce cadre — les moyens financiers ou les discriminations systémiques par exemple — mais il me semble que c’est réducteur d’attribuer tous les malaises du travail à ces cadres.

Et ce serait tout aussi réducteur de penser que les travailleur·ses ont juste à “mieux s’organiser” pour faire face à des contraintes systémiques !

C’est pour ça que je tente d’agir à deux échelles :

  • accompagner les personnes, individuellement
  • et à une échelle plus macroscopique : partager ma veille sur le contexte du monde de l’art, les ressources pour les travailleur·ses, les initiatives diverses qui ont un impact sur nos quotidiens.

J’ai une masse de trucs à partager sur la question ! J’ai donc créé le compte Instagram puis le blog Art boulot en 2021 pour rassembler tout cela, et je raconte un peu les coulisses dans ma newsletter.

Pourquoi le fais-tu ?

Dans tous mes projets, je me suis beaucoup posé la question des process et des paramétrages pour fluidifier mon travail.

J’ai remarqué une relative allergie à cela dans le secteur culturel : l’organisation du travail, ça évoque le fordisme, la productivité, l’évaluation, des notions un peu taboues dans le secteur.

Ajouté au manque de moyens et à l’idée de travailler pour une cause “supérieure”, ça donne des fonctionnements d’équipe archaïques, des projets qui reposent sur beaucoup de charge mentale — souvent inégalement en plus (grosse pensée pour les chargées de coordination ).

Et même avec la meilleure volonté du monde, je veux dire même si on n’est pas dans un cas de toxicité avérée de la direction, cela entraîne des souffrances, un turn over des équipes et des burnouts.

Les outils de productivité, s’ils sont bien choisis et intégrés par une équipe, permettent au final d’alléger cette charge mentale et de mieux la répartir.

Attention, je ne prétends pas que l’organisation résoudra tous les problèmes. Mais d’abord, cela libère de la disponibilité mentale. Quand on a des réunions efficaces, qu’on ne perd pas de temps à répéter les infos ou récupérer la bonne version d’un document partagé, on est forcément plus disponible pour reconnaître un fonctionnement ou un management pathogène. De là, on peut y faire face, voire en partir dans de meilleures conditions.

Par ailleurs, le rapport à l’organisation du travail peut être un indice sur le management. Une équipe de direction qui rechigne à mettre en place de vrais outils d’organisation (pour quelque prétexte que ce soit), ça alerte déjà sur son degré de toxicité potentielle, avant d’en arriver à des cas de harcèlement par exemple.

Comment le fais-tu ?

Je propose des contenus sur des techniques d’organisation, et l’actualité du secteur. J’ai envie de faire de la vulgarisation institutionnelle, entre autres : je trouve aberrant le jargon du milieu et ses phrases à rallonge… mon côté médiatrice sans doute 🙂

J’aimerais aussi dédiaboliser l’image de l’entreprenariat dans la culture, franchement j’en peux plus de ce tabou. Et diffuser d’autres moyens de penser le travail, l’entreprise, la collaboration… Des actions comme celles du réseau Wow que tu as co-fondé méritent grandement d’être diffusées !

En prestation, j’essaie de montrer que mettre un peu de rigueur dans son organisation peut être funky, et que ça rend la vie plus douce au final.

Quelles sont tes aspirations pour l’année à venir ?

Au niveau de mon entreprise, je prévois de devenir organisme de formation pour pouvoir accompagner le plus de pros possibles.

Il y a une réelle demande d’une part, et une prise de conscience des droits à la formation pro, que ce soit pour les salarié·es ou les indépendant·es (artistes compris·es).

Je vais aussi continuer à me former, et garder grand ouvert mon radar à trucs inspirants ! J’aimerais aussi relier les points entre les mille et une communautés de soutien, de réflexion, d’action qui existent.

Mon rêve serait de faire de Art boulot une sorte de méta-ressources pour les travailleur·euses de l’art.

Pour en savoir plus :

Rendez-vous sur le site de Art Boulot pour découvrir les articles et les services proposés par Géraldine Miquelot.

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