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Regards croisés, médiatrices indépendantes #2 – Aline Bardet

Aujourd’hui, la médiation culturelle innove et se renouvelle en sortant des théâtres, des musées ou des bibliothèques pour inventer d’autres chemins à leur côté.

En choisissant de devenir indépendante, j’ai eu besoin de rencontrer d’autres médiateurs – médiatrices principalement – qui ont fait un pas de côté et qui ont osé se lancer dans des projets de médiation innovant. L’échange de pratiques étant essentiel à mes yeux, je partage avec vous ces rencontres, dans l’espoir qu’un jour nous puissions tous-tes se regrouper pour valoriser ces nouvelles formes de médiations.

Je vous propose le portrait de personnes inspirantes, passionnées et engagées.
Le principe : les inviter à répondre à 5 questions à priori simples et enfantines mais qui viennent questionner le sens de notre métier et de notre engagement.

Deuxième rencontre avec…

Aline Bardet
Arts de la Marionnette

Qui es-tu ?

Je suis médiatrice culturelle, en activité depuis 7 ans et passionnée de marionnette. Il y a trois ans, j’ai été licenciée pour motif économique. J’ai alors pris conscience de la rareté des postes de médiation culturelle au sein des compagnies et s’ils existent, de leur précarité. Même si l’action culturelle ou l’accueil du public est un enjeu pensé dès la création, peu de compagnies ont les moyens d’avoir quelqu’un à temps plein qui questionnerai les modalités de réception du spectacle, depuis les premiers croquis, jusqu’aux représentations. Tous les artistes n’ont pas le temps ou l’envie d’être dans la médiation. Je me positionne à cet endroit qui est le mien.

J’ai donc fait le choix d’être indépendante et de travailler avec plusieurs compagnies. Ceci me permet d’être au cœur de projets multiples, d’évoluer au sein d’équipes et de démarches artistiques différentes. Il m’arrive aussi de travailler sur des temps forts, type festivals. Je réponds à une demande à un instant T, ou bien j’accompagne la vie d’un spectacle vers les spectateurs.

Etre indépendante, c’est d’abord la volonté personnelle d’avoir le choix et de défendre mes propres idées. Mais c’est aussi un engagement par les tripes au quotidien, car réussir à cumuler les activités pour en vivre n’est pas simple. Ma démarche est avant tout le fruit de 15 ans d’expériences de spectacles, de conférences, de stages, de formations, de lectures, de veilles du secteur, de rencontres professionnelles, d’un mémoire, d’une saison en théâtre, de 5 ans en compagnie, d’entretien d’un réseau, d’expériences sur le terrain, de contributions diverses à l’Association Themaa*… qui font qu’aujourd’hui je suis « spécialisée » dans le domaine des arts de la marionnette et surtout que je me sens légitime.

Que fais-tu ?

Je travaille sur le long terme avec la Cie Arnica, pour laquelle je suis engagée sur le projet de compagnie et pour qui la transmission fait partie des missions principales. Je développe les actions culturelles et les relations aux partenaires, sur le territoire d’implantation, et par la concrétisation de projets partout où l’on rencontre du public.

Je travaille également avec la Cie Jeux de Vilains et plus récemment la Cie des Fourmis dans la lanterne pour lesquelles j’effectue la médiation d’un ou plusieurs spectacles. J’invente des ateliers et des projets que je mène moi-même. C’est là ce qui me régale, être dans la conception et la réalisation, la créativité des rencontres, partager ma passion sur le terrain. Je conçois aussi des dossiers pédagogiques que je veux extrêmement riches d’outils et de ressources inspirantes.

Pourquoi le fais-tu ?

Parce que je me souviendrai toute ma vie de mon premier spectacle de marionnette. Des portes se sont ouvertes sur un monde qui ne cesse de me procurer du plaisir. J’aime voir le visage de ceux qui découvrent quelque chose de nouveau. J’aime être à l’initiative de ces découvertes. Par mes interventions, j’aspire à changer les repères, les regards, en montrant que la marionnette est un terrain de jeu sans fin. D’où l’importance du ludique dans mes propositions : on va jouer à la chasse au trésor, à l’enquête policière, à l’escape game… autour des spectacles pour en explorer le contenu. S’amuser est un bon prétexte à la découverte et à l’apprentissage. J’invite les participants à se mettre en action et à impulser ensemble, leur potentiel créatif. Le jeu favorise l’engagement, le déplacement, l’appropriation, et le désir.

Comment le fais-tu ?

Je décortique, j’analyse, je regarde, j’entends… et tout ça me donne à penser. C’est très subjectif. Lorsque je plonge dans un spectacle, je tire, d’après ma sensibilité, des ficelles que je porte en résonnance dans ma pratique de médiation. Je me forme aussi. J’effectue régulièrement des stages pour acquérir les bases de manipulation de différentes techniques. Je bricole, pour construire des outils de médiation. Je me nourri à plusieurs endroits pour transmettre ensuite, à ma manière. Les arts de la marionnette ont cette particularité d’être intergénérationnels et universels. Même si nos sensibilités diffèrent, ce que nous ressentons peut-être le point de départ à une discussion. Dans mes actions de médiation, je mêle de la pratique, de l’expérimentation, de la théorie, de la réflexion, du sensible. Je voyage aussi pour aller visiter des marionnettistes à l’autre bout du monde, comme en Inde et en Indonésie, et m’imprégner de leurs pratiques. Je construis des outils de médiation comme la Map’Monde des marionnettes, remplie d’anecdotes de voyages ou de spectacles.

Quelles sont tes aspirations pour l’année à venir ?

Mon outil sur les marionnettes du monde voyage depuis plus de 5 ans. Dans le même esprit, je travaille à mettre au point cette année un outil et parcours de médiation autour du théâtre d’objet. Je travaille au développement d’une proposition qui puisse s’adresser à tous les publics et qui fasse sens pour moi aujourd’hui : le goût du jeu, l’amour des histoires, mon attachement aux objets, et ma passion pour la mythologie ! A mon endroit, je souhaite faire la médiation du théâtre d’objet, en convoquant de nombreuses sources d’inspiration et en invitant d’autres personnes à s’y essayer. Je me sens comme l’exploratrice ayant découvert une nouvelle terre et faisant part au monde (entier) de ce qui l’a réjoui, en donnant le goût d’une nouvelle aventure possible !

* Themaa : Association Nationale des Théâtres de Marionnette et Arts Associés

Pour en savoir plus :

Aline Bardet – Actions culturelles et Arts de la Marionnette  :
https://www.facebook.com/mediationsetmarionnettes

A retrouver prochainement un article Zoom sur l’Atelier Map’Monde

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